Un “autre” fils

En 2020, Maxime, son fils, n’a pas voulu reprendre la ferme familiale de Villevaud. Malgré la déception, Philippe Boile n’a pas tergiversé. Vincent Marrand était le repreneur idéal. Après avoir réparé des moissonneuses batteuses pendant vingt ans, il lui a fait confiance pour prendre la relève. Le jeune retraité ne souhaitait pas laisser sa ferme céréalière, à laquelle il a consacré “tant de temps et d’énergie“, à n’importe qui. En conversion bio, Vincent expérimente, aujourd’hui, de nouvelles cultures, comme le safran.

Dans la grande cour de la ferme, sur la boîte aux lettres, les noms de la famille Boile, Marcelle (la mère de Philippe) et Maxime (son fils) sont collés à gauche. Plus bas à droite, Vincent Marrand apparaît. Septembre 2021.

Vincent (à gauche) et un agent certificateur Ecocert discutent à proximité d’un champ de tournesols à maturité. La durée de conversion en agriculture biologique dépend de la culture semée, généralement de un à trois ans. Septembre 2021.

Pendant des années, j’ai travaillé autrement. Il n’y avait pas à réfléchir, tu voyais de l’herbe, tu désherbaisMais, c’est une solution avant le problème. Quand tu achètes la semence de blé, tu achètes les produits pour désherber avec. L’herbe n’est pas arrivée que tu sais déjà ce que tu vas faire. Ça a un côté rassurant, simple à gérer. C’est en grande partie pour ça que j’ai voulu changer de modèle, car tu ne décides plus rien.”

Vincent Marrand

Salarié de la ferme de Villevaud depuis ses 16 ans, Vincent Marrand souhaite devenir agriculteur depuis “toujours” contrairement à son père qui avait délaissé le métier. Septembre 2021.

Ancien mécanicien agricole, Vincent connaît parfaitement les rouages des moissonneuses batteuses. Septembre 2021.

Vincent termine la moisson de son tournesol qu’il vendra en “conversion bio” pour cette année en attendant l’année prochaine. Septembre 2021.

Vincent est membre de l’association Bio 63 qui promeut l’agriculture biologique dans le département. Créé en 1994, elle accompagne les producteurs en conversion ou en installation bio. Septembre 2021.

Philippe, qui habite à deux pas, retrouve souvent Vincent après sa journée de travail pour débriefer autour d’un “sirop“. Pour Philippe, Vincent est un “autre” fils. Habituellement, le midi, Vincent mange avec Marcelle, la mère de Philippe, qui vit toujours dans la maison attenante à la ferme. Septembre 2021.

Dans les années 90, Philippe faisait aussi de la sous traitance pour des travaux agricoles. Dans la cuisine, une photo montre cinq moissonneuses alignées dans une parcelle. Septembre 2021.

Le visage de l’agriculture n’est plus le même. Mon client numéro 1, c’est le consommateur. Ils veulent qu’on change. L’agriculture est mal vue.

Vincent Marrand

Au petit matin, le givre s’est déposé sur sa parcelle d’un hectare de safran. Au loin, la chaîne des puys se dessine. Octobre 2021.

Dans le Puy-de-Dôme, il existe environ une quinzaine de producteurs de safran. En France, on en compte plus d’un millier. Plus de 90 % de la production mondiale vient d’Iran avec plus de 120 tonnes par an. En comparaison, la France en produit moins de 100 kg. Octobre 2021.

Vincent fait appel à des amis sur un mois pour récolter les précieuses fleurs. Impossible à mécaniser, le travail manuel justifie le prix élevé de l’épice. Octobre 2021

Pour émonder les fleurs et récupérer le précieux pistil, Vincent et ses amis travaillent dans la cave à côté des bâtiments agricoles. Un travail minutieux à la manière de narcotrafiquants. Octobre 2021.

Avec l’aide d’un ciseau, Vincent coupe les pistils des crocus. Chaque bulbe produit six à neuf feuilles et trois stigmates ou “filaments”. Octobre 2021.

Philippe et sa chienne Laïka viennent aussi en aide à Vincent pour lui donner un coup de main. Octobre 2021.

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