Changement d’époque

Vincent Marrand, agriculteur céréalier en conversion bio dans la plaine de la Limagne, septembre 2021.

En France, la transmission des fermes est longtemps restée une affaire familiale depuis la Seconde Guerre mondiale, un des enfants prenant la suite de leurs parents, ce qui permettait de ne pas morceler l’exploitation. Le modèle de la petite exploitation familiale s’était imposé en France comme la forme « naturelle » de l’activité agricole. Une évidence. Aujourd’hui, l’évidence n’est plus là.

En 2019, Le Monde faisait le constat suivant en France. C’était même le titre de l’article.
« Le départ en retraite d’un agriculteur sur trois d’ici à trois ans va bouleverser le paysage agricole ». Population vieillissante, coût élevé du foncier, enjeux patrimoniaux, métier peu rémunérateur, etc. Autant de freins au renouvellement des générations.

En 2020, 496.000 agriculteurs (chefs d’exploitation) travaillent selon les résultats du dernier recensement décennal du Ministère de l’Agriculture publiés en décembre 2021. Ils étaient 1,6 million en 1982 selon l’Insee. Cette dégringolade vertigineuse, qui s’est accentuée depuis dix ans, s’explique par les crises successives, l’augmentation de la taille des exploitations et les contraintes qu’exige le métier. 

Dans le Puy-de-Dôme, ce sont près de 21.000 fermes qui se sont éteintes en 50 ans, entrainant avec elles, une augmentation de la concentration foncière des exploitations agricoles.

Un tiers des agriculteurs n’ont pas de projets d’avenir


Près de 50 % des chefs d’exploitation vont partir à la retraite d’ici à dix ans dans le département. Mais, difficile pour une majorité d’agriculteurs de passer le flambeau avec, de surcroît, des retraites souvent faibles. Selon la Chambre d’agriculture du département, un tiers des chefs d’exploitation qui ont plus de 60 ans aujourd’hui, ne souhaitent pas prendre leur retraite dans les cinq prochaines années. Sans projet concret pour l’avenir, un tiers ne connaît pas le devenir de leur ferme et anticipe même la disparition de leur exploitation. Certains enfants, ne souhaitant pas reprendre la ferme de leurs parents, se détournent du métier. Parfois, ce sont même les parents qui les dissuadent. 

Selon les données de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme, avec 180 nouveaux agriculteurs en moyenne par an, le département affiche un taux de remplacement de 68 %, soit sept arrivées pour dix départs. La question de la transmission et de l’installation agricole constitue un enjeu d’avenir aussi bien à l’échelle locale que nationale.